samedi 24 janvier 2015

Portrait de José Artur

José ARTUR
On peut toujours envisager le silence comme valeur mais parfois ce joli concept creux montre sa limite.
Il s'est tu après avoir tant dit ou plus exactement après avoir tant révéler par la paroles des autres.
Grand par son esprit éclectique, il appartient à cette génération qui n'avait pas besoin de dévoyer le mot tolérance. Il était libre, curieux, généreux de proposer aux autres, les autres. Sans étendard avec pour seule mission celle de révéler. Il a su proposer la liberté de parole quand les médias se limitaient à une chaîne de télé, trois radios et quatre quotidiens nationaux. J'ai pu ainsi, au risque de m’électrocuter, l’écouter en cachette tard le soir sous mes couvertures à l'aide d'un poste à galène relié à une prise bricolée. Ces heures de bonheur ont été conquises par peu de hardiesse, je n’avais qu’onze ans en 1965. 
Le pop club nous permettait de sortir de chez nous, de notre quotidien comme si, invités à entendre, nous étions incités à comprendre. Il a été un vrai précurseur sans le revendiquer, et jamais son ton, parfois singé par d’autres, n'était inspiré que pour mettre en lumière autrui.
On en avait parlé lors de ce portrait.
Merci Monsieur.
Thierry SAMUEL - www.thierrysamuel.com

mardi 2 septembre 2014

Magie

Le miroir du mot "image" peut s'écrire "magie". Il explore plus qu'il ne renvoie.
photo © www.thierrysamuel.com



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mardi 22 juillet 2014

Chants d'elles

Ecrire avec la lumière se dit photographie.


Cathédrale de Reims - Juillet 2014.
Photo Thierry Samuel - www.thierrysamuel.com

lundi 7 juillet 2014

A la recherche de Vivian Maier

Le film sur Vivian Maier vient de sortir sur les écrans français depuis le 2 juillet, produit par John Maloof.

Depuis 2009, année de la découverte du fond « secret » de cette photographe « amateur », tout a été dit, son contraire, objet de toutes les interprétations, de projections en projections au sens psy du terme, le récit qui est proposé vient nous éclairer sur plusieurs points.

Il n’y a aucune contestation possible sur la nature de ces œuvres, la portée de ce travail dans le spectre de la photographie, sa place et son intérêt, au delà des clivages fabriqués par des représentants influents de la pensée a but lucratif.
Ne soyons pas dupes, cette œuvre est originale sincère, qualitative, pertinente elle est à elle seule un chaînon manquant entre Robert Frank et Diane Arbus, mais aussi le chaînon manquant entre l’ombre et la lumière. Cette aventure extraordinaire peut se lire autant sous l’angle artistique que psychologique. Le film ne manque pas de nous éclairer sur ce qui est déjà visible dans la taille de la production de cette artiste, la dimension quasi obsessionnelle.
Mais ne dévoilons pas ici les intrigues et les champs mystérieux de ce personnage totalement exceptionnel, le film livre à la fois des réponses et des interrogations. Construit et réalisé par celui qui a découvert les négatifs, cette enquête va avoir des rôles multiples autour de l’œuvre de Vivian Maier.

Revenons sur ce chaînon manquant entre « ombre et lumière », ou de l’œuvre non révélée à l’œuvre vue en pleine lumière.

On pourrait penser que par son trépas, Vivian Maier a été révélée au monde. C’est un fait objectif puisque de son vivant elle ne l’a pas été. Mais là où le raisonnement se complique, c’est sur la part volontaire ou non de cet enfouissement de ce travail de son vivant. Des esprits classiques pourraient se dire qu’il est assez peu probable qu’en face d’une telle qualité, l’auteur ne souhaite pas révéler son oeuvre au grand jour. Il y a effectivement là une logique à prendre en compte. Mais il existe des indices sérieux pour s’opposer à cette forme de vision.

Le premier indice se trouve dans le fait que les négatifs développés n’aient jamais été révélés à l’artiste sous forme de tirages d’après les éléments que nous avons, ou alors de façon marginale. Soit le négatif est une forme en soi de l’original « absolu » et l’artiste ne souhaite pas le galvauder, soit il considère que sa propre vision est limitée à l’acte pur de la prise de vues sans être ensuite tiré. La frustration probable de certains photographes est parfois de ne pas pouvoir promouvoir une œuvre unique comme dans d’autres formes d’art pictural, ce qui les encourage à tirer à un exemplaire en détruisant le négatif ensuite. Mais ces cas sont rares sans doute, plus enclin à multiplier les éditions pour en tirer des subsides légitimes.
Pour un peintre l’œuvre originale est confondue avec l’œuvre unique par construction et ce n’est pas le cas dans les domaines des arts graphiques, soumis par nature au dictat de la reproduction. Divers artistes tentent de produire des œuvres uniques à des fins spéculatives. De là à bâtir une ségrégation intellectuelle entre les arts majeurs et les arts mineurs il n’y a qu’un pas. Cette dichotomie est contredite tant par les peintres qui éditent des lithos pour en faire du commerce que par les auteurs en arts graphiques qui par des subterfuges tentent de réaliser des tirages uniques.
La photographie elle, de par ses technologies originales telles que le daguerréotype ne pouvait être qu’unique. A cette époque, on dupliquait pour la diffuser. Plus tard, les images diffusées dans la presse n’ont eu de valeur marchande que dans la mesure où des tirages originaux de grande taille signés et authentifiés par la signature de l’auteur ont été mis sur le marché.

Mais cette anecdote vaut pour les photographes de reportage qui ont conquis postérieurement à leur exercice un statut d’artiste, les photographes autres, plasticiens, portraitistes, paysagistes ont toujours été en temps réel dans la démarche de l’œuvre d’art.

C’est l’instantanéité de l’acte photographique qui est venu compliquer le statut de l’artiste pour les « photos-reporters » dont le rôle premier est de témoigner. C’est leur témoignage qui est à l’origine de leur source de profit, leur raison d’être économique. L’art est un deuxième temps de leur existence matérielle, autre originalité de cette pratique qui connaît une lecture en deux temps distincts. Ce phénomène existe d’une certaine façon aussi autour de l’écrit, des reportages qui se compilent en livres.
Ces deux modes d’expression liés à l’instantanéité qui fait leur essence, ne leur donne une existence réelle intemporelle que dans la mesure où le temps a érodé l’aspect anecdotique pour faire ressortir les caractéristiques propres à son auteur.

Vivian Maier aurait pu publier au jour le jour comme témoin de son temps et ensuite éditer des tirages et les vendre par le biais d’une galerie, être exposée de son vivant dans un musée. Cette possibilité n’est envisageable qu’au travers d’une analyse qualitative et quantitative qui le prouve, et c’est bien le cas aujourd’hui.
Mais Vivian Maier n’était pas photographe elle était nounou…

Sa pratique quotidienne avec une technique irréprochable montre que Vivian Maier utilisait parfaitement et maitrisait son appareil principal, son Rolleiflex. Sans avoir semble-t-il une connaissance encyclopédique de la photographie, elle s’était limitée à une pratique simple instinctive rigoureuse. Sa pratique était liée à un mode d’enregistrement sans autre prétention. La photographie était probablement pour elle un moyen plus qu’un acte artistique. Il ne faut pas oublier que dans les années 60,  la photographie ne bénéficiait pas du même statut qu’aujourd’hui.

Le photographe était souvent plus assimilé à un opérateur modeste et discret. Le photo-reportage n’était pas encore devenu un art spéculatif, et les photographes qui bénéficiaient d’un statut d’exception étaient liés à la mode ou au show business.  Pour autant, Vivian Maier a connu l’explosion de la reconnaissance de la photographie ce qui ne l’a pas plus encouragé à montrer son travail. Voilà effectivement un point symptomatique. Forte de ces milliers de prises de vues, elle s’est murée dans un silence.

Les hypothèses qui expliqueraient son attitude sont multiples et on peut en citer trois.
La première s’inscrit dans une forme de timidité ou de dénigrement de soi.
La deuxième pourrait être liée à une forme de mépris des milieux artistiques auxquels elle n’a pas envie de se confronter, consciente de sa valeur mais méprisante pour ce milieu élitiste.
La troisième hypothèse reposerait sur un travail à ses yeux toujours inachevé, une sorte d’étude exhaustive sur l’humanité un inventaire non structuré jamais clos, car sans concept directeur.

Ces trois hypothèses ouvrent ainsi la porte à une multitude d’individus qui se reconnaissant dans l’attitude étrange de Vivian Maier, eux-mêmes producteurs de travaux, se sentiraient légitimes dans une revendication artistique. Cette perspective pourrait certes révéler des nouveaux talents, mais aussi et surtout statistiquement des milliers de productions sans aucune qualité.
A chacun de se définir comme une Vivian Maier et les réseaux sociaux ont déjà montré dans ce domaine leur formidable capacité d’accueil.

Revenons sur la deuxième hypothèse.
Le film montre que par certains aspects, Vivian Maier est un personnage autoritaire, rigoureux, obsessionnel. Le choix de la qualité de son appareil ou d’autres qui appartiennent à l’élite montre qu’elle est parfaitement consciente de ce qu’est techniquement la photographie. On utilise pas un Leica ou un Rolleiflex par hasard sauf pour être vu, ce qui est réservé aux oisifs argentés ce qui n’était pas son cas. Son choix est donc réfléchi et technique. Elle est donc consciente d’une certaine façon de sa valeur. Les films non développés sont peut être les derniers qu’elle a réalisés et forte de ce qu’elle avait accumulé par le passé, elle était peut être moins motivée pour les lire, puisqu’ils s’inscrivaient dans le même esprit. Peut être qu’une incidence économique est à intégrer également et qu’elle projetait peut être de travailler à plein temps sur son travail photographique pour sa retraite. Celle-ci ne lui a permis que de survivre sans pouvoir lui offrir le loisir de réaliser son œuvre ?
A-t-elle succombé à une forme de facilité en ne faisant que des prises de vues répétitives sans mener à bien la révélation de son travail à autrui ? Dans le même temps il faut souligner que le champ photographique qu’elle explorait était déjà labouré par toutes les tendances photographiques humanistes, de Walker Evans à Wegee en passant par Robert Frank, Larry Fink, Léonard Freed, Cartier Bresson, et d’une certaine façon Diane Arbus. Peut être se sentait-elle perdue au milieu d’une telle profusion, et il faut bien reconnaître que si nous avions été confronté dans ces années-là à sa production, nous n’aurions pas le même recul qu’aujourd’hui pour nous livrer à de telles louanges !

Il est assez intéressant de lire au travers des informations fournies par l’auteur de ce film le comportement des instances artistiques. Le cheminement du découvreur est en ce point révélateur du propre cheminement d’un artiste, certes de son vivant qui essaierai de conquérir les circuits de la reconnaissance. D’une certaine façon… il est une Vivian Maier qui aurait pris l’initiative de proposer son travail.

Le résultat nous renvoie tant aux mécanismes marchands, spéculatifs, mais aussi aux égos des conservateurs de musée qui n’arrivent pas à s’approprier  un espace de diffusion. De nos jours, l’œuvre est un prétexte à l’auto-promotion des censeurs ou des promoteurs, une source de business, mais jamais une fin en soi. Le découvreur assume du fait de la mise en lumière de l’œuvre de Vivian Maier, un rôle implicite d’agent, de producteur qui le met en concurrence frontale avec tous les intermédiaires, passerelles entre le public et l’artiste.

De ce désordre provoqué par cette histoire extraordinaire, une lueur d’intelligence et de pertinence émerge en la personne du très respectable Howard Greenberg, même si son implication dans la vente des tirages de Vivian Maier, lui permet de compléter une activité déjà exceptionnelle. Pour ce grand spécialiste, marchand, référence absolue en terme d’expertise, mais aussi un lecteur insatiable de la photographie contemporaine et ancienne, détenteur de plus de 15 000 tirages des plus grands auteurs aux moins connus, l’œuvre de Vivian Maier est incontestablement  centrale dans l’histoire de la photographie contemporaine, mais aussi dans l’histoire de l’art plus globalement.

Dans le même temps, les musées refusent l’intégration des tirages de Vivian Maier au prétexte qu’aucun  tirage disponible n’a été signé du vivant de l’artiste.

Elégamment, on pourrait interpréter cette attitude comme un  refus d’acquérir ou d’exposer des images qui n’auraient pas eues de la part de l’artiste une validation, et de fait, éviter tout risque de trahison. Cette approche est probablement plus liée aux mécanismes de spéculation, qui sont contrariés, puisque les seules images sur le marché sont « post-mortem » et donc éditables à l’infini.
Ainsi, les portes officielles se ferment ne pouvant tirer un profit substantiel d’une part, mais surtout une notoriété induite pour le musée, les conservateurs, et tous les intermédiaires institutionnels.

Vivian Maier restera une marchandise « mineure » refoulée par les réflexes de l’entre-soi. Ce serait sans compter à la fois sur la force de l’œuvre, sans compter sur la détermination de John Maloof, sans la sincérité de Howard Greenberg !

Le public se moque de toutes ces embrouilles d’état et privées, et lira jusqu’à plus soif dans les compositions de Vivian Maier qui nous propose d’observer ce qui est l’essence même de la photographie : ce qui est devant l’objectif devient ce qui est devant le spectateur.

Thierry SAMUEL

Paris, le 7 juillet 2014

mardi 24 juin 2014

Portrait de Fatima Bhutto

Fatima Bhutto a remporté hier soir le Prix de le Romancière pour son livre "Les lunes de Mir Ali" aux Editions Les Escales à l' Hotel Montalembert Paris le 18 juin dernier.
© Thierry Samuel - 18 juin 2014

Mapplethorpe au Musée Rodin

Le Musée Rodin est en mutation. Un premier espace est finalisé, celui qui abrite les expositions temporaires.
Une exposition exceptionnelle est en cours qui retrace le travail du photographe Robert Mapplethorpe dans sa période de recherche sur les formes humaines et végétales. A voir !

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photo © Thierry Samuel 20 juin 2014

Exposition "Versailles des songes"

Versailles des songes
Versailles a été pour son Roi un lieu de puissance, de vie, un paradis ou un enfer pour ses courtisans, une île au milieu de l’Europe et du monde. La révolution détruira cette mécanique de vie. Les cicatrices du temps se sont refermées pour laisser la place à l’histoire, aux rêves. Le petit peuple venu d’ailleurs foule les parquets de la royauté, admire les talents des concepteurs et tente de revivre l’illusion… Le vaisseau amiral de la royauté est sauvé des ruines par les manants, la République et les mécènes qui s’unissent autour de cet objet unique au monde.
Fleurs, statues, architecture, ciels, étayent les contours de compositions relâchées. C’est pour moi un lieu où les songes glissent sur des aléatoires de lumière.

Les porteurs d'images
Pour moi, "les porteurs d’images, qu’ils soient peintres, photographes, plasticiens en tout genre ou écrivains, ne peuvent se soustraire d’un réel originel, qui est l’impulsion, la pichenette du pendule qu’ils se proposent de produire. L’œuvre est le support de cette énergie originale.
Comme l’électron qui brusquement change de niveau de se déplaçant d’une orbite à une autre, sous l’effet d’une énergie extérieure, il va émettre un quanta, un photon qui va se propager dans le flot de ses semblables pour nourrir cette liqueur forte que l’on appelle lumière. Oscillant de l’auteur au spectateur, l’objet continue son mouvement dans les limbes des esprits. L’artiste prolonge ainsi l’énergie de sa source dans son œuvre, ajoutant sa force elle même puisée dans l’impulsion originelle. Le spectateur transformera cette énergie à sa façon.
Récepteur émetteur, au cours de mes visites dans ces lieux, je ressentis très vite la nécessité de faire des photographies, comme si le déclenchement venait soulager un excès d’émotion. Visites se faisant, année après année, je recueillais des clichés, témoins relâchés de ces promenades au hasard du moment. Ils s’enfouirent dans une mémoire peu active, sédiments silencieux qui ne demandaient qu’à être foulés, pour donner leur lumière sourde atténuée par le temps. Ainsi remis en actualité, l’exposition est née à partir des images filtrées par le thème du songe.
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